L’aventure est morte
5 — 7 mai 2011
De Georges Simenon
Adaptation et composition Philippe Koller
En 1938, Georges Simenon a trente-cinq ans et aligne sous
patronyme trente-deux titres chez Fayard, vingt-six chez Gallimard, et
plus de cent soixante-dix romans « populaires » sous des pseudonymes
divers.
Aussi lorsqu’on l’invite à prendre la parole à
la salle Pleyel, va-t-il le faire à sa manière déjà bien rodée de
romancier, qui n’est pas celle d’un littérateur : sa « conférence en
forme de bavardage » comme il le précise, est en effet une narration
charpentée, sous l’apparente désinvolture de la causerie, comme un
véritable récit de voyage, ou plutôt : un récit sur le voyage…
Thierry
Jorand s’est emparé de ce beau texte, adapté ici à la scène par
Philippe Koller, et accompagné par l’ensemble musical Strings &
Wood.
Extraits
« Ce sont les vexations mesquines qu’on subit le plus difficilement, et je puis avouer que j’ai détesté, mais là vraiment détesté cet explorateur que j’interrogeai avant de quitter Le Caire pour l’Afrique équatoriale.
Quelles armes me conseillez-vous d’emporter ? lui avais-je demandé avec désinvolture.
Vous avez un permis pour combien d’éléphants ?
Mais…
Vous devez savoir combien vous l’avez payé ! C’est dix mille francs par éléphant… Pour les fauves, il faut un autre permis… Vous avez l’autorisation pour un lion, deux lions ?
Je ne viens pas en Afrique pour chasser…
Alors ? fait-il.
Alors je vous demande simplement quelles armes il est prudent d’emporter !
Des armes pour tuer qui ?
Mais je ne veux tuer personne, saperlipopette ! N’empêche que je vais traverser des régions qui passent pour assez sauvages. Je ne peux pas savoir d’avance ce que je rencontrerai. Mon itinéraire rencontre celui des grands troupeaux d’éléphants, des buffles, que sais-je ?
Et lui, plus cruel que les tigres, plus glacé qu’un serpent, de répliquer en finissant son whisky-soda :
Qu’est-ce que ça peut vous faire, puisque vous ne les verrez pas ? Et même si vous les voyez, croyez-vous qu’ils s’occuperaient de vous ?
Ce qui me vexa le plus, c’est que cet homme avait raison. »
Avec
Thierry Jorand, narrateur
et l’ensemble STRINGS & WOOD
Violon
Nathalie Saudan
Violon
Philippe Koller
Clarinettes
Philippe Ehinger
Contrebasse
Pierre-François Massy
Batterie & percussions
Sylvain Fournier
Lumières
Michel Guibentif
Le décor est mis à disposition par le Théâtre du Loup (spectacle « Caraïbes »).
Du 5 au 7 mai 2011